Mardi 5 décembre 2023 : anniversaire des 90 ans de la publication de La Quête de Joie.

Pour fêter les 90 ans de la publication de La Quête de Joie, la Société des Amis de Patrice de La Tour du Pin a organisé une lecture de 25 des 53 poèmes du recueil paru en 1933. On peut regarder ici une courte vidéo (5’) donnant un aperçu de cette soirée très chaleureuse et empreinte d’une émotion portée par la poésie.
On y entend des extraits de « Enfants de Septembre », « Ullin roi », « Prélude », « Légende », « Laurence printanière », « Interlude » et « La quête de joie ».
Les références des poèmes sont faciles à trouver dans l’édition Poésie Gallimard, 1967, et dans le Premier volume d’Une Somme de Poésie, 1981.

Une courte allocution a ouvert la soirée, à l’intention d’un public fervent : "La Quête de Joie trace le parcours initiatique d’un tout jeune homme (Patrice n’a pas 20 ans lorsqu’il se lance dans cette aventure d’écriture) à la découverte de lui-même. La Quête de Joie est une quête de soi. […] Nous ne ferons pas d’interruption. Parfois vous serez un peu perdus, vous aurez le souffle court. N’ayez pas peur si vous êtes quelque temps en apnée : il suffit de s’abandonner aux rythmes et à la musicalité des poèmes pour trouver un nouveau souffle ».

Lien vers l’ensemble de l’allocution

Vendredi 9 juin 2023 : Rencontre entre les auteurs, les lecteurs et l'éditeur à propos du livre Dans les Sentiers de la Quête de Joie, 35 écrivains à la rencontre de Patrice de La Tour du Pin. A diffuser autour de vous.

Le 9 juin 2023, pendant le Marché de la Poésie,

au café de la Mairie, 8 place Saint Sulpice, Paris 6e,

de 17:00 à 19:00.

Venez nombreux et parlez-en autour de vous.

 

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Juin 2022 : Parution de Patrice de La Tour du Pin, Armand Guibert, Correspondance.

Présenté par Marie-Josette Le Han et préfacé par Isabelle Renaud-Chamska.

De 1932 à 1974, Patrice de La Tour du Pin et Armand Guibert échangèrent de nombreuses lettres. Le jeune auteur de La Quête de Joie trouva auprès de son éditeur un conseiller qui progressivement devint son ami.

Évoluant dans des univers très différents, ils se rejoignaient dans « les régions de l’esprit, du cœur et de la poésie ».

Cette correspondance est révélation de deux personnalités, confidence sur l’élaboration de l’œuvre singulière qu’est Une Somme de Poésie, et réflexions sur la création poétique. Une rencontre humaine, la chronique d’une époque et la genèse d’une œuvre font la richesse et l’intérêt de ces 176 lettres.

 

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Écoutez l'émission du 16 avril 2023 avec Marie-Josette Le Han

13 février 2023 : Récital au Club des Poètes avec le Collège de Tess

Le Collège de Tess a le plaisir de vous convier à un récital de poésie et musique autour des personnages légendaires de la Somme de Poésie de Patrice de La Tour du Pin, le lundi 13 février 2023.

19 h 30 : dîner facultatif (25 € par personne).

20 h 45 : Soirée poésie.

 

Au Club des Poètes, 30 rue de Bourgogne - 75007 Paris

Réservation obligatoire à l'adresse fxdurye@gmail.com.

 

« Et l'on doit dire la périlleuse et admirable navigation de soi-même, entre tant d'attirances, et tant d'étoiles... »

Editions épuisées : L'Enfer

L’Enfer est publié pour la première fois par Armand Guibert dans sa revue Les Cahiers de Barbarie n°7 le 23 mai 1935 à Tunis avec une page de fac simile, 84 pages comprenant une préface, des notes explicatives sur les personnages et la « Bibliothèque de Borlonge » à la fin.

 

Une nouvelle édition est publiée par le même Armand Guibert dans sa maison d’édition Mirages le 2 décembre 1935 à Tunis. Le texte de la première édition est légèrement modifié.

 

La version définitive est intégrée en 1946 dans le neuvième et dernier livre d’Une Somme de Poésie p. 581-604. Elle est dédicacée à Jean Baudry. Ce texte ne sera pas corrigé par le poète dans la refonte et reparaîtra tel quel dans le Neuvième livre d’Une Somme de Poésie en 1981.

 

Une édition de luxe de L’Enfer a été publiée aux Éditions de Cluny à Paris en 1949 sur vélin pur fil du Marais avec quatorze lithographies originales d’Élie Grékoff, tirage limité à 300 exemplaires. Il est disponible sur ce site dans l’onglet « Éditions rares »

Événement littéraire : sortie le 3 février 2023 du livre Dans les sentiers de La Quête de Joie, chez Mare et Martin, L'herbe rouge.

Cet ouvrage recueille les témoignages, analyses et créations poétiques de 35 écrivains, hommes et femmes de lettres, français, belges, anglais, chinois, tous lecteurs de Patrice de La Tour du Pin à qui ils rendent hommage pour le centenaire de sa naissance.

L’apport de chaque contributeur dessine en creux un portrait du poète à la voix singulière, qui résonne dans le ciel des lettres françaises depuis la publication de La Quête de Joie, en 1933, à l’âge de 22 ans. Sa poésie trouve aujourd’hui des échos vivants chez ces écrivains, des plus anciens aux plus jeunes.

Une dernière section de l’ouvrage présente la traduction en anglais de dix célèbres poèmes d’Une Somme de poésie, dont « Enfants de Septembre ».

 

Contributeurs de l’ouvrage par ordre alphabétique :

Henry BAUCHAU, Gilles BAUDRY, Matthieu BAUMIER, Gérard BOCHOLIER, Pascal BOULANGER, Jean-Pierre BOULIC, Shu CAI, Jean CAYROL, Georges-Emmanuel CLANCIER , Sylvestre CLANCIER, Claude DAGENS de l’Académie française, Philippe DELAVEAU, Marc DUGARDIN, Paule Marie DUQUESNOY, Marie-Pierre FAURE, Réginald GAILLARD, Toby GARFITT, Gwen GARNIER-DUGUY, Pierre GIBERT, Mathieu HILFIGER, Philippe MAC LEOD, Jean MAISON, Jean MAMBRINO, Nathalie NABERT, Colette NYS-MASURE, Pierre OSTER, Pascal PAYEN-APPENZELLER, Patrick PIGUET, Louis RAOUL, Lionel RAY, Isabelle RENAUD-CHAMSKA, Claude-Henri ROCQUET, Marie-Clotilde ROOSE, Falk VAN GAVER, Claude VIGÉE.

 

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Traductions

Hommages de 16 lecteurs d'Une Somme de Poésie
à Patrice de La Tour du Pin (16 mars 1911-28 octobre 1975)

« Je suis l’enfant d’un équinoxe de printemps. »
SP I, p. 84

Lire les Hommages (édition juin 2021)

Le Pâtis de la création

Pour commander : www.editions-de-lecluse.com
ou Editions de l’Ecluse BP 24, 45230 Châtillon-Coligny
02 38 96 05 96

Poésie et musique à Saint-Pierre-de-Chaillot

Notre-Dame

Deux poèmes inédits de Patrice de La Tour du Pin sur Notre-Dame de Paris, en hommage à la cathédrale incendiée :

- Les Notre-Dame de France

- Lieu-dit Notre-Dame

Librairie Saint Paul - Lyon

A l'occasion de la réédition de Psaumes de tous mes temps aux éditions Salvator, la librairie Saint-Paul, 8 place Bellecour à Lyon, invite à découvrir la poésie de Patrice de La Tour du Pin jeudi 21 mars 2019 à 17 h 15 en écoutant des poèmes récités par François-Xavier Durye et présentés par Isabelle Renaud-Chamska, présidente de la Société des Amis de Patrice de La Tour du Pin.

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Basilique de Vézelay

4 conférences seront données les 30 et 31 mars 2019 sur Patrice de La Tour du Pin.

Avec Isabelle Renaud-Chamska.

- Une vie consacrée à la poésie : de la solitude à la communion

- Genèse de l'écriture : le Jeu de l'homme devant lui-même

- Un exode spirituel : le Jeu de l'homme devant les autres

- Incarnation et Eucharistie : le Jeu de l'Homme devant Dieu

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Emissions (octobre 2018 à mars 2019)

Festival du Marais chrétien

le vendredi 15 mars 2019 : Isabelle Renaud-Chamska fera une conférence dans le cadre du Festival du Marais chrétien à Paris : "Les Psaumes de tous mes temps de Patrice de La Tour du Pin, un chemin de prière".

Radio Courtoisie

le vendredi 8 mars 2019 de 10 h 30 à 11 h 30 : "Promenades et flâneries au domaine de poésie : Patrice de La Tour du Pin amoureux". Isabelle Renaud-Chamska et Pascal Payen Appenzeller liront une douzaine de textes d'Une Somme de poésie et certains inédits de Patrice de La Tour du Pin. L'émission pourra être re-écoutée dans notre rubrique 'conférences'.

le vendredi 16 novembre 2018 : Isabelle Renaud-Chamska était l'invitée de Pascal Payen Appenzeller de 10 h 30 à 11 h 30. Ils ont lu un bon nombre de poèmes et de psaumes de La Tour du Pin. L'émission peut être écoutée dans notre rubrique 'conférences'.

Radio Notre-Dame

les 31 octobre, 7 et 14 novembre à 7 h 30 : Xavier Accard a invité Isabelle Renaud-Chamska et François-Xavier Durye pour trois émissions successives et différentes de "A l'école de la prière". Les émissions peuvent être écoutées dans notre rubrique 'conférences'.

Sophie de Villeneuve a consacré à notre poète une émission "Mille questions à la foi" diffusée sur Radio Notre-Dame le dimanche 30 décembre à 19 h 45. A écouter dans notre rubrique 'conférences'.

Soirée Récital poésie musique

Lieux-dits

Pour commander : www.editions-de-lecluse.com
ou Editions de l’Ecluse BP 24, 45230 Châtillon-Coligny
02 38 96 05 96

Sortie le 13 septembre 2018

Assemblée Générale 2018

Exposition Patrice de La Tour du Pin (décembre 2018)

La Bible et ses échos chez Patrice de La Tour du Pin

Sur les pas de Patrice de La Tour du Pin

Récital de poésie du 16 mars 2013

Conférence du 10 mai 2012

Actes du colloque

Introduction
Isabelle Renaud-Chamska


I- Un poète en son temps

1- Patrice de La Tour du Pin, un poète prophète au XXe siècle ?
Sylvie Barnay, Université Paul Verlaine-Metz, Institut catholique de Paris

2- La présence de Patrice de La Tour du Pin dans les revues de la guerre et de l’après-guerre
Florence Lebrun, Cergy-Pontoise

3- Mes chants comme des îles ou Le Jeu du Seul
Louis Baladier, Inspection générale des Lettres, Université de Toulon

4- La Contemplation errante ou l'engagement d'un homme dans son siècle
Marie-Josette Le Han, Université de Brest

5- Patrice de La Tour du Pin et Paul Valéry
Florence de Lussy, Bibliothèque nationale de France

6- La Quête de Joie de Patrice de La Tour du Pin et Le Poëte et son Christ de Pierre Emmanuel : lecture conjointe
Anne Simonnet, Béziers

7- Patrice de La Tour du Pin lecteur de Newman
Toby Garfitt, Université d’Oxford




II- La Somme en ses jeux

8- Enfants de Septembre
Henriette Levillain, Université Paris-Sorbonne

9- Notes sur Catherine Aulnaie
Patrick Piguet, Lettres supérieures, Institut catholique de Paris

10- Les chambres d’Annie
Luca Pietromarchi, Université de Rome III

11- Une traversée de la nuit : Patrice de La Tour du Pin (1911-1975)
Pierre Brunel, Université de Paris-Sorbonne

12- Du Bestiaire fabuleux au Pâtis de la création : le chant d’Orphée
Isabelle Renaud-Chamska, Société des Amis de Patrice de La Tour du Pin

13- L'architecte au jardin des lettres 
Arnaud Despax, Toulouse-Le Mirail

14- Grammaires angéliques au fil des jeux
Yannick Pierrisnard, Paris-Sorbonne




III- Un poète en liturgie

15- La « sacramentalité » du langage poétique dans la liturgie : en hommage à Patrice de La Tour du Pin
Louis-Marie Chauvet, Institut catholique de Paris

16- Retour sur la théopoésie 
Jean-Baptiste Sèbe, Institut catholique de Paris

17- La Tour du Pin et Teilhard de Chardin, une même perspective christologique
Mgr André Dupleix, Conférence des évêques de France, Institut catholique de Toulouse

18- Du Jeu du Seul à la Table commune
Jean-Yves Hameline, Institut catholique de Paris

19- La Tour du Pin et le renouvellement du langage liturgique dans les milieux monastiques
S. Marie-Pierre Faure, Abbaye de Chambarand

20- Un chef-d'œuvre de théopoésie : l'Hymne eucharistique de Patrice de La Tour du Pin
S. Étienne Reynaud, Abbaye de Pradines

21- Patrice de La Tour du Pin, entre parole et silence
Mgr Jérôme Beau, Collège des Bernardins

En toute vie le silence dit Dieu
Patrice de La Tour du Pin

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Introduction aux actes du colloque : Patrice de La Tour du Pin, un poète de notre temps

Isabelle Renaud-Chamska

Les 13 et 14 mai 2011 s’est tenu au Collège des Bernardins un colloque pour fêter le centenaire de la naissance de Patrice de La Tour du Pin le 16 mars 1911. Trente six ans après la mort du poète le 28 octobre 1975, il s’agissait de mettre en évidence l’actualité de sa poésie, la modernité de ses questionnements et la singularité de son aventure littéraire. Et de montrer comment et pourquoi son œuvre est encore capable de mener ses contemporains – que nous sommes – sur les chemins spirituels les plus aventureux et de les éveiller aux jouissances esthétiques les plus rares.

Avec un siècle, nous avons une pleine mesure du temps. Les historiens comptent en siècles, et il y a quelque chose d’impressionnant et de solennel à célébrer un centenaire. En un siècle, une révolution s’accomplit : la vie et l’œuvre de La Tour du Pin sont maintenant « en orbite », selon l’image qui, en 1963, lance le Petit Théâtre crépusculaire autour de l’année liturgique pour « prendre des vues » du mystère de l’homme dans le mystère de Dieu, et les communiquer aux hommes de son temps. Mais quand la clausule des oraisons propulse la prière « dans les siècles des siècles », nous échappons aussi aux limites et aux contingences du temps. Le poète le savait bien qui avait traduit les 1200 oraisons du Missel romain à la demande des autorités des Eglises francophones. L’histoire et l’eschatologie se rejoignent dans la célébration du mystère du Christ.
Le siècle, c’est aussi le monde, au sens sociologique du terme. Si La Tour du Pin a été un homme de son siècle, comme le montrera cet ouvrage, il n’a pas été un homme du monde, malgré sa naissance dans un milieu social privilégié et assez généralement mondain. Il aimait la solitude qu’il trouvait au Bignon-Mirabeau où il a vécu toute sa vie de manière plus ou moins continue. Il a par exemple toujours refusé – chose rare – de postuler à l’Académie Française malgré les propositions de Jean Guiton et d’un certain nombre d’autres qui l’y poussaient. Son tempérament de « sauvage » et sa timidité le tenaient loin du monde des lettres et des allées du pouvoir ou de la mode où se font et se défont les célébrités. Cependant il n’a pas été un moine, et s’il a pensé à un moment entrer dans les ordres, un religieux avisé l’en a dissuadé, lui faisant valoir qu’il était trop personnel pour se soumettre à aucune règle autre que la sienne. Il a choisi son type de clôture, et s’est tenu aux principes qu’il énonce dès 1938 avec la publication chez Gallimard de La Vie recluse en poésie. Il a choisi de mener cette vie recluse dans le siècle, puisqu’il était de ce siècle. Par beaucoup d’aspects pourtant il s’opposait à son siècle, ne partageant pas – loin s’en faut – les idéologies dominantes et le prêt à penser des hommes de sa génération qu’il analysait avec claivoyance quoique sans les juger, comme en témoigne sa correspondance maintenant intégralement publiée.
Marié et père de quatre filles, il a été conseiller municipal de son village et il a géré ses biens, qui étaient nombreux, avec sérieux. Il a donné au héros de son Second Jeu le nom d’André Vincentenaire, l’homme du vingtième siècle, et il a clairement aimé ce monde tout en restant sur ses marges. Si son travail d’écriture fut avant tout un exercice spirituel et un outil de connaissance de soi et de quête de Dieu, il fut aussi toujours adressé aux autres, tendu vers eux, dans un grand désir de trouver avec eux une intelligence profonde du sens de la vie.

Patrice de La Tour du Pin est donc né au printemps 1911 dans un bel hôtel particulier d’un beau quartier de Paris. Nous sommes avant la première guerre mondiale, dans un autre espace-temps, qu’on a appelé la « Belle Epoque » sans savoir quel drame se préparait. Le jeune homme est héritier d’une culture brillante, dont Proust et Bergson sont les deux soleils les plus ardents. Comme tant d’autres, il perd son père au front. François de La Tour du Pin ne sera jamais évoqué dans Une Somme de poésie, mais le premier poème écrit par le jeune Patrice (il a 14 ans) et publié en 1926 dans un recueil intitulé Lys et violettes est dédicacé à la mémoire de son père. Le thème de la mort sera très présent dès le début de l’œuvre, et le poète n’aura jamais fini de déchiffrer la figure paternelle.
Après une solide formation intellectuelle, Patrice La Tour du Pin se fait un nom, à 21 ans, avec la publication des « Enfants de Septembre » à la NRF, grâce à la bénédiction de Supervielle. Il publie La Quête de Joie en 1933, à compte d’auteur, pendant son service militaire. Il faut souligner le rôle de l’ami Anne-Henri de Biéville-Noyant dans cet acte fondateur de la vie et de l’œuvre du poète. En 1935, L’Enfer est publié par Armand Guibert aux éditions Mirage à Tunis. Un troisième livre, un recueil de Psaumes, est pris par Gallimard dans la collection « Métamorphoses » en 1938 ; puis vient La Vie recluse en poésie, publiée par Daniel-Rops chez Plon, en 1938 aussi. La guerre interrompt cette impressionnnante production. Apparemment seulement, car Patrice officier continue d’écrire assiduement dans l’Oflag où il reste prisonnier jusqu’en 1942. La guerre a signé la fin de l’adolescence et le début, assez paradoxal, d’un « monde d’amour » sur les décombres du monde ancien, avec la rencontre – ou la redécouverte plutôt, d’Anne, sa cousine, qui deviendra sa femme en 1943. Ils s’installent à temps plein au Bignon-Mirabeau dans le Loiret. Pendant qu’elle met au monde Marie-Liesse puis Anne-Dauphine, il termine et publie son gros livre (plus de 500 pages), Une Somme de poésie, en juillet 1946 chez Gallimard. La Contemplation errante marquera le début du Deuxième Jeu, en 1948, année de la naissance d’Aude, et ouvrira une période difficile de sécheresse poétique que le poète vit comme un exode spirituel. Désert volontaire d’un homme dont l’exigence personnelle ne transige pas avec la vérité de l’être. C’est tout son rapport à la poésie et à l’écriture qui se refonde dans les étendues désertiques et crucifiantes du Deuxième Jeu. Le poète en sort en 1959 en terminant ce deuxième tome avec une « Préface » : il a retrouvé son chant et ses « bonheurs de dire », et il sait désormais le nom du « Bien-aimé » à qui ce chant est adressé. Il va donc lancer le Petit Théâtre crépusculaire (1963) comme une fusée, ou comme ces spontniks qui font rêver à l’époque des débuts de la conqûte spatiale. Une poésie sur la page de gauche, une prose sur la page de droite, pour tenir les deux pôles du langage et les deux hémisphères du cerveau solidement arrimés à l’incessant mouvement des jours. Après l’errance épuisante du « Jeu de l’Homme devant les autres », « Le Jeu de l’Homme devant Dieu » va prendre la route cyclique et soigneusement balisée de l’année liturgique. Elle ne sera pas pour autant plus facile.

C’est alors qu’il est rejoint par ce qu’il attendait confusément depuis sa jeunesse, sans savoir précisément comment la chose pourrait se faire puisque l’Eglise catholique avait alors une liturgie immuable.
« Voici que j’ai compris que la plus belle prière – ne devait pas être dite en mon nom, mais au nom de tous.
Peut-être ai-je été créé pour découvrir les mots et l’expression d’une prière – mais nous la réciterons en commun. » (psaume XIV)
… écrivait-il déjà en 1938. Contre toute attente, le Concile Vatican II décide, à la quasi uninimité des votes, une réforme liturgique d’envergure – une révolution – pour permettre une meilleure participation des fidèles au culte, en particulier à l’Eucharistie, « source et sommet de la liturgie ». La Tour du Pin rejoint le concile à l’invitation des clercs chargés de la mise en œuvre des grands principes posés par les Pères du Concile dans la Constitution De sacra liturgia ou Sacrosancrum concilium promulguée en décembre 1963. La coincidence est inespérée. Elle va marquer le poète à vie. Tout le Troisième Jeu de la Somme s’écrira en parallèle avec le travail de traduction et de création liturgique. La Tour du Pin apprend – et réinvente avec les membres des différentes équipes préposées aux différents chantiers – les canons de la littérature liturgique et les exigences du travail en commun. Il se lance ensuite dans une gigantesque entreprise de refonte de toute sa Somme, pour mettre en évidence le sens eucharistique de son travail poétique depuis La Quête de Joie, une quête de reconnaissance, dans le double sens du mot. Il est empêché de terminer la Somme par un cancer qu’il n’a pas vu venir et qui l’emporte le 28 octobre 1975. Il lui restait à écrire l’Office de la Pentecôte par lequel il voulait terminer son livre.

Adulé dans sa jeunesse, il a été mal compris et délaissé ensuite. Son exigence personnelle – rendre compte dans son poème de sa quête de Dieu – n’était plus en phase après la guerre avec les attentes d’un public attiré par d’autres cieux. Cela ne l’a pas empêché de continuer la route solitaire qu’il s’était tracée. Il est sorti de sa réserve pour répondre à l’appel de l’Eglise ; avec une grande générosité, il a su déployer toutes ses qualités personnelles au service d’un projet commun. Il a poursuivi ce travail souvent harassant pendant de nombreuses années, dans un très grand enthousiasme dont sa correspondance donne des témoignages saisissants.
Là encore il a été mal compris, d’abord par certains chrétiens surpris et choqués par la remise en question des modes d’expression traditionnels de la foi, ensuite par le nombre croissant des agnostiques et des athées, et enfin par tous ceux qui ne comprenaient pas comment un grand poète comme lui pouvait s’inféoder ainsi à l’Eglise. Sa poésie est cependant intégrée dans la prière officielle de l’Eglise catholique, à la fois dans les textes du Missel romain et de nombreux rituels, et dans l’Office, par la création d’hymnes d’une exceptionnelle qualité esthétique et théologique.

Patrice de La Tour du Pin se dessine comme une figure profondément singulière dans l’histoire littéraire du XXe siècle, son aventure poétique étant indissolublement liée à sa recherche spirituelle.

C’est sa femme, Anne, qui a mené à bien l’édition définitive d’Une Somme de poésie en trois « jeux » chez Gallimard, telle qu’elle est aujourd’hui disponible en librairie. Le poète avait eu le temps de donner les instructions nécessaires à cette publication qui s’est échelonnée de 1981 à 1983. Nous fêtons donc aussi en 2011 le trentième anniversaire de cette publication que nous devons à une épouse intelligente et fidèle, dont la sagesse et la ténacité ont eu raison des difficultés innombrables inhérentes à ce genre de défi. Six ans de travail salués par un colloque international organisé à la Sorbonne en 1981 par Yves-Alain Favre, et poursuivi par la constitution de la Société des Amis de Patrice de La Tour du Pin dont elle est toujours la présidente honoraire, elle dont Patrice écrivait  : « …ma femme qui occupe si peu de pages dans mon livre, mais sans elle où eût-il dérivé ? Sans elle qui m’a fait amour d’elle, amour de la grâce, et promesse d’un monde d’amour. » (SP III p. 410) Je voudrais la saluer au seuil de cet ouvrage, et lui dédier ces actes, comme nous lui avons dédié le colloque.

Depuis trente ans, une génération s’est passée. Nous avons travaillé avec Yves-Alain Favre qui a joué un rôle extrêmement important dans le rayonnement de l’œuvre de La Tour du Pin et qui a trop tôt disparu. J’ai pris son relais en 1992 à la tête de l’association, répondant à la demande amicale d’Anne de La Tour du Pin. Nous avons poursuivi la publication des Cahiers, puisque nous en donnons cette année la 23e livraison avec le 7e et dernier tome de la correspondance du poète : plus de 750 lettres sont maintenant disponibles dans les Cahiers dont on trouve les sommaires détaillés sur le site de l’association. Plusieurs colloques ont été organisés : à l’Institut catholique de Paris en 1996 sur « Création poétique et mystère pascal », au Centre Sèvres en 2000 sur « Ecriture et prière », au Collège de France, enfin, en 2003, pour fêter les 70 ans de La Quête de Joie.

Souhaitons qu’en cette année 2011 et dans les années qui suivront, germent et fleurissent beaucoup de mots semés par le poète jardinier : « Il est des germinations extraordinairement lentes », écrivait-il. Ces actes, comme le colloque qu’ils transcrivent, voudraient être un petit coup de pouce – un peu d’engrais… – pour aider cette maturation quasi végétative de la parole poétique. Dix neuf des articles qu’on va lire sont les communications faites au colloque. Trois articles ont été donnés ensuite pour être joints. Merci au Collège des Bernardins pour son accueil fraternel et hautement professionnel. Merci aussi aux amis poètes qui sont venus nous faire partager leur expérience dans une soirée chaleureuse et animée.

Je suis heureuse de rappeler que ces deux jours d’échanges et de communion ardente se sont clos avec la lecture de « Catherine Aulnay » par une troupe de jeunes comédiens talentueux, la Compagnnie des Mille chandelles, dirigée par Baptiste Belleudy, en présence d’Antoine Bourseiller, premier metteur de scène de la pièce au Théâtre de Poche en 1956. La langue de La Tour du Pin nous a saisis dans sa nouveauté poétique et son efficacité dramatique, pour nous lancer à notre tour au cœur de notre temps.

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Festivités du 2 décembre 2011

A l’occasion du centenaire de la naissance de La Tour du Pin et de la publication des Actes du colloque, nous avons le plaisir de mettre en ligne Le Bestiaire fabuleux, livre rare, produit du génie de plusieurs artistes : Patrice de La Tour du Pin a écrit les poèmes, Jean Lurçat a créé les lithographies mises en couleur par Edmond Vairel, Jules-Dominique Morniroli a réalisé les calligrammes, Claude Frégnac a réalisé la maquette. Maurice Darantière est le commanditaire et le maître d’œuvre de l’ouvrage.
 

Commémorations Nationales 2011

Centenaire de la naissance de Patrice de La Tour du Pin

Vendredi 13 et samedi 14 mai 2011
Colloque au Collège des Bernardins

« Patrice de La Tour du Pin, un poète de notre temps »