Lieu-dit Notre-Dame (Revue Les Pharaons - été 1976)
Il fait nuit, et puis jour, et puis nuit sur la Seine,
Sur l'île dans la Seine et sur les tours dans l'île,
Jour et nuit jusqu'au sein des voûtes immobiles,
D'où s'élève, échappant à ces nuits et ces jours,
Un déjà clair avant-coureur d'un autre Règne,
Le nom de Notre-Dame en sa teneur d'amour.
Et qui désire entrer au sein de Notre-Dame
Peut en trouver la porte à ce nom qui s'entr'ouvre
De Notre-Dame au monde à Celui qu'elle couvre,
Sans passer par ces jours toujours à nuits tournant,
Peut abaisser son propre nom d'homme ou de femme
Et recevoir celui qui s'offre à tout-venant.
Nul n'entre au signe de la Vierge que du signe,
Nul n'est vierge d'esprit, mais le signe rend vierge,
Nul n'émerge au Seigneur, mais le Seigneur s'immerge
Et distribue le nom de mère en s'enfonçant,
L'empreint à qui l'accueille, et alors s'illuminent
Les ombres de milliers de noms de tous les temps.
Il accorde un silence à des milliers de houles,
Différent du silence en notre mort muette,
Car il passe au travers et devient la secrète
Voix d'amour retournant les vieux mots de nos cœurs ;
Et voilà Notre-Dame en même temps la foule
Et le seul corps de chair qui porta le Seigneur.
Il fait nuit, et puis jour, et puis nuit sur la Seine,
Sur l'île dans la Seine et sur les tours dans l'île...
Et l'amour dans ce nom tressaille au ciel stérile,
Et le ciel s'ouvrira quand les cœurs s'ouvriront,
Et par milliers il montera des voix humaines
Du passé, du silence et du présent sans fond.
Vienne celui que Notre-Dame mit au monde !
Car le monde est bien nous, et nous en Notre-Dame,
Portant mort du Seigneur au signe de nos âmes,
Attendant son retour à travers jours et nuits,
Et palpitant déjà de la même et profonde
Espérance du sein vierge qui le couvrit...