Le recueil de poèmes que nous mettons aujourd’hui à la disposition des lecteurs a connu une publication confidentielle en 1926.
Opportunément confié aux éditions Les Gémeaux, il est le fruit non pas exactement de jumeaux, mais de deux cousins du même âge travaillant dans la même classe de Seconde dans le même établissement parisien, Sainte-Croix de Neuilly. Louis d’Hendecourt et Patrice de La Tour du Pin ont quelques mois d’écart, ils sont très amis, appartiennent à la même famille et au même milieu social. Ils sont chaleureusement encouragés dans leur projet littéraire par leurs proches, chacun des poèmes étant soigneusement dédicacé à un membre de l’entourage.
Ce sont des vers de « potaches » mais certainement pas des vers de mirlitons.
Dans ce qui se présente comme de « premiers essais », le jeune Patrice – 14 ans – a déjà une écriture très affirmée. Les formes poétiques et les vers sont variés et maitrisés – avec un usage peut-être un peu trop fréquent des diérèses qui étirent les diphtongues pour gagner une syllabe –, le sonnet tenant une place prépondérante dans l’ensemble des 21 poèmes qu’il signe, écrits dans une veine souvent parnassienne où l’on entend des échos de Baudelaire et de Hugo. La vision poétique fait la part belle aux couleurs, très affirmées, et aux formes bien dessinées : ces poèmes sont autant de paysages, l’ensemble composant une riche galerie de tableaux habités. Ils annoncent déjà la sensibilité et la fermeté de trait du poète que les lecteurs de La Quête de Joie découvriront avec émerveillement à peine cinq ans plus tard, en 1933.
IRC, le 2 juin 2021
On peut lire aussi la présentation que donne Emmanuel de Calan de ce recueil ainsi que le premier poème.